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L'école, à quoi ça sert ?

Vos enfants passent une très grande partie de leur enfance à l'école, comme vous au travail. J'imagine que vous vous intéressez de près au bonheur et au bien-être de vos enfants. Et par curiosité, leur avez-vous déjà demandé : « d'après toi, à quoi ça sert l'école ? »

Ben moi, je viens juste de le faire et j'ai deux réponses qui reflètent parfaitement le rapport à l'école de chacun de mes enfants :

  • « à apprendre … n'importe quoi » (réponse de mon aîné de 10 ans)

  • « à apprendre en s'appliquant et savoir ce qui est bon pour la vie … et s'amuser » (réponse de ma cadette de 7 ans).

Faut-il vraiment que je vous commente ces réponses ?

Comme à mon habitude, je vais plutôt aborder cette question du sens subjectif de l'école de manière générale et le plus simplement possible pour nous permettre de prendre un peu plus de hauteur...



De nos jours, de plus en plus de parents souhaitent transmettre ce qu'il y a de mieux à leurs enfants. Ils s'inquiètent de leur bien-être à l'école. L'enfant n'est plus considéré comme un animal à dresser selon les principes béhavioristes (action-réaction), mais comme un être en construction dont nous avons la responsabilité d'éduquer, dans le sens « tirer vers le haut ».


On peut distinguer quatre grands types d'apprentissage : le savoir, le savoir-faire, le savoir-être et l'être.

  • Le savoir correspond aux connaissances intellectuelles : quels seraient les moyens pédagogiques les plus efficaces pour transmettre des connaissances (utiles) à votre enfant ?

  • Le savoir-faire correspond aux compétences pratiques, à la maîtrise par l'expérience de l'exercice : quelles sont les compétences pratiques et intellectuelles acquises par votre enfant ?

  • Le savoir-être correspond à la capacité de produire des actions et des réactions adaptées à la société humaine et à l'environnement : comment évaluez-vous les qualités de sociabilisation de votre enfant ?

  • L'être correspond à l'état biologique et psychique d'un individu : quel est le niveau de bien-être de votre enfant, c'est à dire, sa motivation, sa confiance en lui, la satisfaction de ses besoins naturels et psychiques (joie, plaisir, liberté, perception, reconnaissance, sécurité, justice, intégrité, authenticité, capacité, intimité, diversité, confort, créativité, affection, etc.) ?

Or, « l'éducation humaine inclut des compétences et des éléments culturels caractéristiques du lieu géographique et de la période historique » Wikipédia, Éducation. En d'autres termes, nous évoluons au sein d'un contexte éducationnel (système éducatif et mœurs de notre pays d'accueil), contexte à l'intérieur duquel chaque parent reste responsable de l'éducation de son enfant. Même si dans nos sociétés modernes et occidentales, nous avons tendance aujourd'hui à privilégier l'intervention croissante des États, nous disposons quand même de notre libre arbitre quant au choix éducationnels de nos enfants et pouvons encore nous interroger sur la solution éducationnelle la plus « acceptable » pour eux,. Autrement dit : « compte tenu des contraintes et des obligations, voici ce que l'on peut faire de mieux (pour nos enfants) dans la situation présente », Tal Ben-Shahar.


Vous pouvez commencer par évaluer sur une échelle de 0 à 10 le sentiment de satisfaction à l'école de votre enfant (ou de vous-même) en fonction de ses quatre grands types d'apprentissage : le savoir, le savoir-faire, le savoir-être et l'être. Faites le test, ça ouvre l'esprit ;-) Ensuite, en fonction des scores obtenus :

  • soit vous estimez que tout va bien pour vous, et c'est tant mieux !

  • soit je vous recommande chaudement de continuer à lire ce post pour faire un petit tour de réflexions et solutions possibles sur cette question du sens subjectif de l'école. Ce tour d'horizon est succinct, il existe certainement d'autres possibles que vous pouvez, si vous le souhaitez, partager dans les commentaires ci- dessous. Quoi qu'il en soit, le sujet est ouvert !

Pour débuter cette réflexion, je vais m'inspirer des études de psychologie traitant du bien-être au travail. J'aime bien ce parallèle entre situation du parent au travail et situation de l'enfant à l'école. Car, comme pour vous au travail, votre enfant a besoin de s'épanouir dans sa globalité à l'école et d'y trouver un sens réel pour s'y sentir bien.


En 1980, les psychologues Richard Hackman et Greg Oldman ont établi 5 caractéristiques permettant de trouver un sens à son travail : la diversité des activités, le sentiment de participation à l'ensemble du processus, l'importance du travail réalisé aux yeux des autres, un degré suffisant de liberté et de pouvoir de décision et un feed-back de qualité. Si on applique ces caractéristiques à l'école, ça donne :

  • Votre enfant se sent-il suffisamment « nourri » par l'école en terme d'apprentissages divers et variés ?

  • Votre enfant fait-il des liens entre les différentes matières qu'on lui enseigne pour avoir une vue d'ensemble de ce qu'on lui apprend ?

  • Votre enfant se sent-il reconnu pour ses talents et compétences par les autres et notamment par ses professeurs ?

  • Votre enfant a t-il l'impression qu'il y a un rapport d'échange entre les enseignants et lui-même ou pense t-il qu'il doit juste obéir à des instructions ?

  • Votre enfant a t-il conscience qu'il apprend, qu'il progresse au fil des ans ? Le système de notes, de passages de classe et d'examens est-il suffisant et adapté pour cela ?

La littérature spécialisée en psychologie du travail ne cesse d'insister sur la notion de compatibilité entre le salarié et l'emploi. En psychologie positive, Csikszentmihalyi explique la notion de « flux » comme l'état mental optimal à l'exécution d'une tâche (attention, motivation, efficacité, satisfaction, bien-être, etc.). Cela correspond à l'accord optimal entre la difficulté de la tâche et les compétences de la personne : juste ce qu'il nous faut pour capter notre attention et nous pousser naturellement à nous améliorer. Ce critère détermine en grande partie l’enthousiasme à la tâche, la motivation. Vous pouvez alors vous demander : votre enfant réalise-t-il son travail scolaire avec allégresse et plaisir. A-t-il l'impression d'apprendre (en terme de savoirs) et de se développer tous les jours un peu plus (en terme de savoir-faire) grâce à l'école ?


Enfin, n'oublions pas la notion de sociabilisation à l'école (savoir-être), essentielle au sentiment global de bien-être à l'école (être). Est-ce que votre enfant se sent entouré par des personnes bienveillantes à son égard ? Bénéficie t-il de leur reconnaissance ? Se sent-il valorisé, soutenu à la fois par ses camarades et ses professeurs ?


Bien évidemment, si vous avez trop de réponses négatives à l'ensemble de ces questions, vous pouvez en déduire que votre enfant ne se sent pas bien à l'école. Et vous, accepteriez-vous d'aller travailler tous les jours dans ce type de conditions ? Or, les conséquences pour votre enfants peuvent s'avérer bien plus néfastes pour lui que pour vous-même. Votre enfant est en pleine phase de construction, il établit ses repères qui l'aideront à devenir un adulte épanoui. A l'image d'une maison que l'on construit, il en est au stade des fondations, et nous savons l'importance de ces dernières à court, moyen et long terme. Nous sommes sensé accompagner notre enfant de notre mieux vers le meilleur de lui-même. En outre, nos enfants sont notre avenir, la société de demain... Alors, que faire ?



Pour les cas extrêmes où vous sentez qu'il faut de suite passer à l'action, vous devez savoir qu'il existe de nombreuses initiatives qualifiées d' « alternatives» à un système de scolarisation « classique » que nous ne sommes pas obligé de subir s'il ne remplit pas suffisamment ses fonctions de base selon les quatre critères d'apprentissages vus plus haut. On trouve de nombreux témoignages de ces dites solutions alternatives de scolarisation sur internet, dans les magazines, en ouvrant la discussion avec d'autres personnes, etc. Il y a par exemple, pour n'en citer que quelques unes : les écoles Steiner, Dynamique, Montessori, l'instruction en famille (voici un site français plein de ressources dédié à "l'école à la maison", cliquez ici), etc. Il y a même des personnes qui laissent leurs enfants découvrir le monde par le jeu ou d'autres qui aspirent à un positionnement éducationnel radical (voir l'excellent film "Captain Fantastic", actuellement dans les salles). L'essentiel est de pouvoir se sentir libre de faire ce qui nous semble être le mieux pour nos enfants, tout en restant ouvert aux avis de nos contemporains... Ces solutions alternatives cherchent pour la plupart à mettre en place des méthodes d'apprentissage plus démocratiques, bienveillantes et autonomes pour l'enfant. Il n'est certes pas facile de « ne pas faire comme tout le monde » mais sachez que c'est possible et même parfois nécessaire lorsque l'on est un(e) militant(e) du bonheur de vivre !


Or, ce qui est pour moi une grande source d'espoir, il y a toutes ces initiatives personnelles au sein même du système qui tendent à rendre l'école meilleure pour tous nos enfants. Ces enseignants qui cherchent et apprennent de nouvelles méthodes pour mieux vivre les journées de classe avec leurs élèves (voir le film "Tout s'accélère"). Pour ce qui est des preuves empiriques, nous savons aujourd'hui que les interventions en psychologie positive à l'école donnent de bons résultats en terme de bien-être des élèves et de résultats académiques. Ces interventions étudient pour l'essentiel la mise en pratique d'exercices de pleine conscience, de gratitude, le fait de tenir compte des forces spécifiques de chacun et les relations positives. Vous trouverez des conseils pratiques sur ce sujet dans l'article « Review of Brief School-Based Positive Psychological Interventions : a Taster for Teachers and Educators », Educational Psychology Review, decembre 2015. Il existe aussi, à l'image de la Finlande, des systèmes éducationnels qui ont évolué et proposent de véritables alternatives démocratiques en défendant cette nouvelle vision de l'éducation. Ils obtiennent les meilleurs résultats mondiaux dans les quatre grands types d'apprentissage vus plus haut (voir le film "Demain"). Pour l'avenir, je mets donc mes espoirs dans tous ceux qui, passionnés par ce qu'ils font, se remettent en cause, améliorent leurs pratiques au quotidien pour coller à l'air du temps et faire de nos enfants des êtres plus heureux et épanouis. Comme conclut l'article de Psychologie Magazine du mois de septembre-octobre 2016 sur le sujet : « C'est un pari ambitieux que d'intégrer cette question du bonheur à l'école, mais de nombreux signaux et témoignages nous font croire qu'ensemble, parents, enseignants, élèves et institutionnels, nous pouvons relever le défi. Osons croire que bientôt les parents ne diront plus à leurs enfants « bon courage » sur le chemin de l'école, mais « amuse toi bien ! ».



Enfin, voici mon petit bonus tout personnel qui a marqué mon expérience lorsque j'ai eu à me pencher sérieusement sur ce sujet. D'abord, le témoignage d'une enseignante qui donne des cours privés à domicile et m'a expliqué la différence entre apprendre à un enfant à exécuter des tâches et lui apprendre à réfléchir. Appliqué au domaine du français, ça représente la différence entre lui faire remplir des fiches à trou (ou principe des dictées préparées), ce qui revient à lui faire exécuter un tâche précise par mimétisme ; ou bien lui faire faire des dictées, occasions de lui expliquer le rapport entre les choses et de créer des liens concrets (vision globale du système) de manière à développer sa capacité de réflexion et de compréhension de la langue française. Puis ce professeur de judo qui m'a raconté qu'il avait appris quelque chose d'essentiel au début de son enseignement. Lorsqu'un enfant « ne marchait pas » avec les autres, il avait d'abord tendance à toujours être sur lui pour le remettre dans le « droit chemin », ce qui ne marchait pas. Son collègue lui a conseillé de changer d'attitude et au contraire de détourner son attention de l'enfant quand il ne se comportait pas de la manière attendue, tout en étant bienveillant lorsqu'il revenait de lui-même dans le groupe. Il a alors appliqué ce conseil et l'applique depuis chaque fois que nécessaire, ça réussit toujours ! C'est ça l'éducation positive, responsable et bienveillante. le principe est simple : si l'on veut "tirer un enfant vers le haut", il faut avant tout porter son attention sur ce qui est beau, bien et authentique en lui, pour qu'il puisse à son tour intégrer ses propres forces et qualités, et développer ce qu'il y a de meilleur en lui. Nos enfants sont notre avenir, il est peut-être temps, pour eux, de dépasser le formatage inconscient de notre propre enfance ! Mon impression est que cette nouvelle génération d'enfants ne nous laisse plus vraiment le choix, et c'est tant mieux, même si ce n'est pas toujours facile ...


Pour conclure, j'ai bien envie d'élargir ce sujet sur la question de l'école de la vie et d'y d'ajouter une petite pensée philosophique de Jigme Khyentse Rinpoche :

" Qu'aimerions-nous transmettre à nos enfants ? Une belle image de nous-même, de sorte qu'ils nous voient plus beaux que nous ne sommes en réalité ? À quoi bon ? Des biens matériels ? C'est leur mettre entre les mains un monceau de problème. […] Notre présence ? Que nous le voulions ou pas, ils seront séparés de nous quand nous mourrons. […] Ce qu'en revanche nous pouvons leur léguer, c'est une source d'inspiration, une vision des choses qui ait un sens et qui puisse leur donner confiance à chaque instant de leur vie. Pour cela nous devons bien sûr acquérir nous-mêmes une certaine assurance, une certitude intérieure. Or, ce sentiment ne peut à l'évidence venir que de notre esprit ; il est donc grand temps de nous occuper de celui-ci. "


Merci à tous ceux qui ont réussi à me lire jusqu'ici ;-) A vos commentaires...

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