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De la Joie

Ce mois-ci, après avoir lu La Puissance de la Joie de Frédéric Lenoir, j'ai envie d'apporter ma goutte d'eau réflexive sur le sujet. Frédéric Lenoir a l'art et la manière de communiquer avec beaucoup de simplicité et de naturel des concepts universels rendus de part leur forme trop longtemps inaccessibles à la plupart d'entre nous. Il parle de sagesse, de bonheur, d'amour, de paix, de joie, de philosophie, de psychologie, de spiritualité pratique, de démarche intérieure, de développement personnel et d'expériences de vie. Il prend le risque d'incarner de son mieux ses propos. C'est un exemple qu'on a envie de suivre et tant mieux qu'il réussisse ! Je ferai de même, osant les synthèses, m'inspirant des plus grands, m'appuyant sur ma simple vérité, mon expérience de vie toute personnelle, provisoire et flexible, creusant au plus profond de moi-même, là où se trouvent mes fondements d'humanité. Cette quête d'authenticité m'ouvre la voie à des vérités bien plus larges et étayées que les miennes.


A notre époque en manque de sagesse, tant de théories de la pensée humaine ont été explorées. Il est sans doute inutile d'en rajouter. Les mettre en lien, les transmettre de manière simple et pratique, me semble être la voie créative et évolutive de notre temps. Les incarner, chacun à sa manière, telle est notre mission du jour. Alors revenons à la base des bases de tout être humain : hormis le besoin de nous sentir aimer inconditionnellement, notre désir le plus profond n'est-il pas d'être heureux ?

Et si nous avions droit à la Joie de vivre, quel en serait le chemin ?

Frédéric Lenoir commence par faire la distinction entre les notions de plaisir, de bonheur et de joie.


A mes yeux, le plaisir est une donnée quantifiable que l'on obtient par le biais d'objets ou d'expériences extérieures à soi. Il répond (en partie au moins) à la satisfaction d'un désir plus ou moins conscient et nous procure une sensation physique agréable : j'ai du plaisir à boire un thé chaud quand il fait froid, à dormir lorsque je me sens fatiguée, à écouter le clapotis des vagues, à sentir le vent frais sur mon visage, à toucher la peau de mon amoureux ou la carrosserie de ma voiture flambant neuve ;-), à étudier ma discipline préférée, etc. La quête du plaisir peut avoir de nombreuses sources de motivation, seule notre envie et notre éthique nous limitent. Il y a des plaisirs simples qui ne coûtent pas grand chose et des plaisirs chers qui ne nous apportent pas grand chose. Lorsque les plaisirs ne sont pas orientés dans le bon sens des choses, dans l'instant comme pour l'avenir, en soi-même comme pour les autres, ils peuvent être lourds de conséquences. La théorie du hamburger de Tal Ben-Shahar nous rappelle que le "bienheureux" met tout autant l'accent sur le bénéfice immédiat que sur le bénéfice futur de ses choix, ce qui lui confère le plus grand sentiment de bien-être. Le plaisir est par nature éphémère, tel de petites graines de bonheur semées ça et là sur le parcours de notre vie. Lorsque ces graines tombent sur une sol non entretenu, elles ont du mal à révéler leur véritable saveur. Mais lorsqu'elles tombent sur un sol patiemment travaillé, elles fleurissent pleinement notre intérieur.


Car le bonheur, justement, dépend de notre état d'être intérieur, de la qualité de notre sol. Plus nous sommes proches de nous-même, plus nous savons en prendre soin, plus notre sol est propre et sain. Il en devient plus fertile, c'est-à-dire susceptible de faire fleurir toutes sortes de graines de bien-être. L'entretien de notre sol intérieur implique que nous sachions répondre positivement à nos besoins et attentes profondes, en agissant dans le respect de nos valeurs et de ce que nous sommes. La quête de notre vérité est donc essentielle à notre propre bonheur. Or, en tant qu'être humain, nous avons tous des besoins et intérêts personnels qui motivent nos actes. Rien ne sert de nous mentir à ce sujet, nous devons au contraire en porter la pleine responsabilité afin de ne pas l'incomber à un(e) autre. Ainsi, nous sommes en mesure de construire notre bonheur intérieur, stable et solide, non dépendant de l'autre ou des conditions extérieures de notre existence. Cette démarche d'authenticité nous permet alors d'approfondir nos relations et de tisser des liens constructifs avec les autres, ceux qui nous font grandir plus qu'ils ne nous attachent. Il n'y a de véritable bonheur que dans l'authenticité et le partage.


Quant à la joie, « la cerise sur le gâteau de la vie » comme j'aime à le dire, c'est quelque chose sur lequel nous avons aucune maîtrise volontaire, et c'est ce qui la rend d'ailleurs si belle ! Elle surgit à l'improviste et nous inonde d'un sentiment de plénitude, du bout de nos orteils au cœur de notre âme. Elle s'expérimente sans retenue, sans raison particulière, elle est juste là, ici et maintenant. Elle est pleine de grâce et d'énergie fervente. Elle nourrit tout notre être de sa douceur bienveillante et illumine instantanément ce qui nous entoure. Elle est à mes yeux le principe incarné de la vraie Vie sur Terre, une pleine jouissance de la liberté à être et du don de Soi. C'est un cadeau que nous devons apprendre à recevoir.


Pour faire un parallèle avec les trois dimensions de l'amour dont je fais souvent mention dans mes écrits, je dirais qu'il y a de l'Eros dans les plaisirs de la vie, du Philia dans le bonheur à être et de l'Agape dans la joie de l'être. Ainsi, le plaisir serait du bien-être qui se prend, le bonheur du bien-être qui se partage et la joie, du bien-être qui s'accueille, sans aucune volonté de contrôle.


La joie ne peut se décréter nous dit Frédéric Lenoir, mais nous pouvons lui offrir des conditions d'accueil favorables. De la « voie du juste milieu » d'Aristote à la philosophie éthique de Spinoza, de la quête de vérité dans l'ombre de Nietzsche à la pulsion créative de Bergson, en passant par la poésie de Montaigne, tous confirment à ses yeux « la puissance vitale » de la joie. Il distingue deux grands courants de pensées sur le sujet : la vision grecque mettant la vertu et la connaissance de Soi comme valeurs fondatrices du bonheur à être et la vision taoïste qui nous apprend à "savoir faire avec" : « La philosophie du Tao ne propose pas une quête de la sérénité, de l'ataraxie, chère aux sages grecs ou confucéens. Sa quête, c'est la joie. Son chemin, c'est l'accompagnement joyeux – le cœur ouvert – du flux naturel de la vie ». Ainsi, un chemin prône l'effort de volonté et valorise notre capacité à devenir soi, tandis que l'autre parle de lâcher-prise et de capacité d'ouverture à la Vie, les deux étant concomitants.


La joie survient lorsque des deux nous ne faisons qu'Un : « C'est, fondamentalement, mener une vie éthiquement juste, mais, plus encore, c'est vibrer dans la joie de se sentir en harmonie avec ce qui nous entoure. ». Ainsi, la joie est le point de jonction des ensembles, dans l'accomplissement instantané du chemin vers soi et vers l'autre. La Joie est autant pleine de plaisir de vivre que du bonheur à être. Elle unifie l'effort permanent d'amélioration de Soi et l'adaptation totale aux conditions de notre existence. La joie est le signal de notre corps physique qui nous informe que nous sommes dans la pleine harmonie créative de l'instant, dans l'ici et maintenant. La connaissance intuitive des choses tout comme notre capacité à vivre dans la pureté de notre esprit nous relient alors au courant de la Vie.

« La joie parfaite n'est pas une récompense que l'on gagne au terme du parcours : c'est une grâce qui nous accompagne tout au long de ce chemin de liberté et d'amour. […] tout au long du chemin, nous vivons déjà des joies pures chaque fois que nous mettons de côté, même ponctuellement, notre mental et notre ego, chaque fois que nous franchissons une étape importante, que notre conscience s'élargit, que nous sommes mieux accordés à la mélodie du monde. », Frédéric Lenoir, La puissance de la Joie.

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